Le Multilinguisme au Niveau des Organisations Régionales : Le Cas de la CEDEAO

Mon expérience en tant que jeune professionnel traducteur en langue anglaise à la Commission de la CEDEAO m’a permis de mieux comprendre comment le multilinguisme fonctionne au sein de cette organisation.

Écrit par : Précious Aseye Klu

1/17/20253 min read

Mon expérience en tant que jeune professionnel traducteur en langue anglaise à la Commission de la CEDEAO m’a permis de mieux comprendre comment le multilinguisme fonctionne au sein de cette organisation.

La CEDEAO, avec ses divers États membres, fonctionne dans trois langues officielles : l’anglais, le français et le portugais. Ce cadre linguistique est essentiel pour promouvoir la coopération régionale et garantir que tous les États membres participent également aux processus décisionnels.

Cependant, plusieurs défis entravent le bon fonctionnement du multilinguisme à la Commission, notamment au sein de la Division des langues.

Le Rôle du Multilinguisme à la CEDEAO

  • Faciliter la communication : La Commission de la CEDEAO utilise l’anglais, le français et le portugais pour mener ses affaires officielles, garantissant qu’aucun État membre n’est exclu des discussions. Tous les documents officiels, rapports et communications doivent être traduits dans ces trois langues, et des interprètes sont nécessaires lors des réunions et conférences de haut niveau pour assurer des échanges fluides entre les délégués.

  • Renforcer l’intégration régionale : Le multilinguisme est essentiel pour resserrer les liens entre les pays anglophones, francophones et lusophones au sein de la CEDEAO. Il soutient les objectifs plus larges de coopération économique, de maintien de la paix et de développement régional de la Commission.

  • Assurer l’accès à l’information : Il est impératif que tous les États membres puissent accéder aux informations dans leurs langues respectives. Cet accès leur permet de bénéficier pleinement de toutes les communications et de participer activement aux discussions et initiatives. Le multilinguisme garantit que chaque État membre peut comprendre et s’engager avec les politiques et programmes de la CEDEAO, favorisant ainsi l’inclusivité et une représentation égale.

Défis rencontrés par la Division des Langues

  • Manque de personnel linguistique : L’un des problèmes les plus urgents est le manque de traducteurs et d’interprètes, en particulier de professionnels lusophones. Bien que le portugais soit l’une des langues officielles de la CEDEAO, le nombre de traducteurs et d’interprètes portugais qualifiés est limité. Ce manque entraîne souvent des retards dans la traduction des documents ou dans la fourniture de services d’interprétation pour les États membres lusophones, notamment le Cap-Vert et la Guinée-Bissau. Cela crée un déséquilibre dans la représentation et la participation lors des réunions et événements clés.

  • Charge de travail importante : Le personnel linguistique existant est souvent débordé par le volume de travail. La Commission produit régulièrement de nombreux documents politiques, rapports et comptes rendus de réunions, qui doivent tous être traduits dans les trois langues. Les interprètes gèrent également un emploi du temps chargé avec de nombreuses réunions et conférences. Le manque de personnel adéquat signifie que les traducteurs et interprètes sont constamment sous pression pour respecter les délais, ce qui peut affecter la qualité et la précision du travail produit.

Recommandations pour relever ces défis

  • Augmenter le recrutement de professionnels linguistiques : La CEDEAO doit prioriser l’embauche de plus de traducteurs et d’interprètes, en particulier ceux maîtrisant le portugais, afin de pallier le manque et de mieux répartir la charge de travail. Cela garantirait que tous les États membres, quelle que soit leur langue, puissent pleinement participer aux travaux de la Commission.

  • Investir dans le développement professionnel : Offrir une formation continue aux professionnels linguistiques est crucial, compte tenu de la nature spécialisée de nombreux documents de la CEDEAO. Des programmes de formation axés sur la terminologie technique, ainsi que l’accès à des ressources linguistiques, amélioreraient considérablement l’efficacité et la précision des traductions et des interprétations.

  • Renforcer les solutions technologiques : La technologie joue un rôle important pour alléger la charge des professionnels linguistiques. La CEDEAO pourrait intégrer davantage des systèmes avancés de mémoire de traduction, des glossaires et des outils de traduction automatique pour assister dans les tâches de traduction courantes. Ces outils peuvent aider à rationaliser les flux de travail et améliorer la cohérence, permettant aux traducteurs humains de se concentrer sur les tâches plus complexes et sensibles.

En conclusion, le multilinguisme est fondamental pour le fonctionnement de la CEDEAO, garantissant que tous les États membres puissent participer également aux travaux de l’organisation.